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« Depuis les années 1960, l’effet de l’origine sociale sur les parcours scolaires est l’un des faits sociaux les plus documentés en sociologie. Nous avons voulu prolonger cette réflexion en évaluant l’impact de ce facteur sur les carrières professionnelles », explique Dominique Epiphane, autrice avec Gaëlle Dabet et Elsa Personnaz d’une étude publiée le 14 mai sur le site du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (« Origine sociale, diplôme et insertion : la force des liens », Céreq Bref, n° 452). Dans ce cadre, les trois chargées d’études du Céreq ont observé en 2020 les trajectoires de 22 450 jeunes sortis du système scolaire trois ans plus tôt.
Premier constat : en dépit d’une relative démocratisation de l’enseignement supérieur long (bac + 5 et plus), 55 % des enfants de deux parents cadres en sont diplômés, contre seulement 11 % des enfants de familles à dominante ouvrière. Moins bien formés, les jeunes d’origine modeste subissent davantage la précarité : dans les trois premières années après la sortie des études, les trajectoires aux marges de l’emploi (chômage, inactivité…) concernent 7 % des enfants de cadres contre 17 % des enfants de familles à dominante ouvrière, la part des précaires augmentant à mesure que l’on descend dans la hiérarchie sociale.
Les défenseurs de l’égalité des chances pourront cependant se satisfaire du fait qu’à niveau de diplôme égal l’origine sociale joue peu sur l’accès à l’emploi. Ainsi, qu’ils soient enfants de cadres ou de familles à dominante ouvrière, un tiers des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur court accèdent rapidement et durablement à un emploi. Et l’origine sociale pèse encore moins sur ce critère pour les diplômés du supérieur long.
A l’inverse, contrairement à ce qui est observé pour l’accès à l’emploi, le milieu social pèse lourdement sur le statut décroché à l’issue de la formation. « Les jeunes diplômés de bac + 5 et plus avec deux parents cadres sont 78 % à être cadres eux-mêmes, contre seulement 60 % de celles et ceux issus de familles à dominante ouvrière », relatent les autrices de l’étude. Cette différence de traitement traduit d’abord le fait que les uns et les autres n’ont pas suivi les mêmes voies, l’enseignement supérieur long proposant des formations de valeur inégale sur le marché du travail.
D’autres travaux montrent en effet que les enfants des classes favorisées sont surreprésentés dans les filières scientifiques et commerciales les plus cotées. Les employeurs accordent plus facilement et rapidement le statut cadre à ces diplômés des grandes écoles qu’à ceux des universités souvent perçus comme moins opérationnels mais au recrutement social plus large. Tout porte à croire que les diplômés d’écoles privées peu sélectives, qui attirent de plus en plus de jeunes de milieu modeste avec l’apprentissage, sont également pénalisés.
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